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5 juillet 2014 6 05 /07 /juillet /2014 15:01

Voici le lien pour avoir les infos

 

http://osmonde21.blogspot.fr/2010/06/conference.html

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18 juin 2014 3 18 /06 /juin /2014 22:14

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Un repas complet. Document remis

Chaque mois, l’association Osmonde 21 propose une recette savoureuse et pauvre en viande avec le souci de respecter la saisonnalité des produits. Aujourd’hui, la judicieuse association des céréales et des légumineuses.

Depuis la nuit des temps , les femmes ont le souci de bien nourrir leur famille. Elles font cuire les légumes dont elles disposent, les accommodent avec les herbes et les épices qu’elles trouvent alentour, et toujours y associent des céréales et des légumineuses pour apporter les éléments nutritifs énergétiques indispensables au bon développement des leurs.

La science explique un savoir-faire ancestral

Par intuition, par expérience, elles avaient compris ce que la science maintenant explique, à savoir que l’apport protéique est optimisé lorsque ces deux familles botaniques sont associées.

Parmi les nutriments indispensables au développement de l’organisme humain, les protéines occupent une place particulière.

Les protéines sont des chaînes plus ou moins longues, plus ou moins complexes, dont les éléments constitutifs sont les acides aminés. Il en existe 22, que l’on trouve aussi bien dans le monde végétal que dans le monde animal et que chaque être vivant doit pouvoir synthétiser à partir des éléments de base que sont le carbone, l’hydrogène, l’azote, l’oxygène. La synthèse d’un acide aminé donné dépend du code génétique dont dispose la plante ou l’animal. Or tous les êtres vivants ne synthétisent pas tous les acides aminés, qui, pourtant, sont nécessaires pour le métabolisme de leurs protéines.

Ainsi l’homme synthétise tous les acides aminés sauf neuf, et plus précisément il ne synthétise pas la lysine et la méthionine. Celles-ci doivent lui être apportées par l’alimentation. Les produits d’origine animale comportent ces deux acides aminés. Il n’en est pas de même pour tous les végétaux, et notamment pour les légumineuses et les céréales qui par ailleurs sont des sources incomparables de sucres lents énergétiques, de fibres et de sels minéraux. Les légumineuses manquent de méthionine, mais sont riches en lysine. Les céréales à l’opposé manquent de lysine et sont riches en méthionine. Il est donc logique de les manger ensemble et de préférence au cours du même repas.

Lorsqu’on analyse les plats traditionnels du monde entier, on s’aperçoit que l’association céréales légumineuses fait partie de l’histoire des peuples. Pour exemple : le couscous à base de blé et de pois chiches est connu dans le Maghreb, la dal à base de riz et de lentilles en Inde, les plats de riz et de soja en Asie, le maïs et les haricots en Amérique, le millet ou le sorgho et les haricots en Afrique, les haricots et les pois en Europe. Ces plats sont parfois accompagnés d’un peu de viande qui apporte du goût, mais ne sont jamais l’élément principal. L’apport protéique est assuré par l’association décrite.

En ce mois de juin, nous proposons une association céréales – légumineuses plus actuelle, à déguster sous forme de salade : la lentille et le boulgour. Avec une salade verte et un fromage blanc au coulis de fraises ; voilà un repas complet.

Dans une casserole porter à ébullition 1 litre d’eau et le bouillon cube puis y plonger les lentilles. Réduire l’ébullition et laisser cuire 35 minutes

Egoutter les lentilles, verser dans un plat et laisser refroidir.

Dans une autre casserole faire bouillir un grand volume d’eau salée. Verser le boulgour et laisser cuire12 min à ébullition. Egoutter et verser dans un plat pour laisser refroidir.

Pendant ce temps, râper la carotte, couper l’avocat en petits cubes et citronner ; découper les tomates en petits dés.

Mélanger avec les lentilles et le boulgour, incorporer la vinaigrette. Assaisonner à votre convenance.

Dresser dans des verrines et placer au réfrigérateur jusqu’au moment de servir.

 

Salade de lentilles et boulgour

Cuisson : 35 minutes   Réfrigérateur : 30 minutes

150 g de lentilles 1 bouillon cube 100 g de boulgour 1 carotte 1 avocat 2 cas de jus de citron 2 tomates

Sel poivre. D’autres recettes sont disponibles sur le site osmonde21.blospot.com.

 

 

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17 mai 2014 6 17 /05 /mai /2014 20:52

Jeudi 29 15h au jardin botanique de Saverne

 

http://jardin-botanique-saverne.org/

 

Conférence de Nicole Rabiller sur l'association  légumineuses et céréales comme apports de  protéines et ballade planétaire  avec  des exemples de plats traditionnels.

La conférence aura une facette théorique et une facette pratique avec la dégustation de plats.

 

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13 avril 2014 7 13 /04 /avril /2014 20:53

DNA publié le 13/04/2014

La recette du mois      Des idées originales et de saison 

Le secret de la pâte levée

Lien vers le site dédié

image001 

La cuisine c’est aussi de la science. Document remis

Chaque mois, l’association savernoise Osmonde 21 propose une recette savoureuse et pauvre en viande, avec le souci de respecter la saisonnalité des produits. Aujourd’hui, la pâte levée.

Dans la recette du mois d’avril, le « saucisson en brioche » , intéressons-nous à ce qui se passe au sein de la pâté levée. La première opération consiste à délayer la levure dans un peu de lait tiède additionné de sucre et de sel.

La levure est un champignon (Saccharomyces cerevisiae), capable de vivre en absence d’air, et se développant en provoquant la fermentation. Ainsi la levure tenue à l’abri de l’air se multiplie abondamment en consommant du sucre et en provoquant une réaction chimique qui libère de l’éthanol (alcool éthylique) et du gaz carbonique. Cette opération se fait à une température se situant de entre 25 °C et 30 °C.

Les levures ne résistent pas à une température dépassant 52°C. Attention donc à ne pas verser le lait trop chaud (pas plus de 30 à 35°C).

Mettre la farine dans une terrine, faire un puits et y poser l’œuf. Verser le mélange tiède de lait et de levure. Pétrir la pâte en l’écrasant et la tirant jusqu’à ce qu’elle se décolle des parois.

Le gluten est une protéine particulière

La farine contient essentiellement de l’amidon et des protéines. Parmi celles-ci, le gluten est une protéine particulière. Sous l’action du pétrissage et au contact de l’eau, les protéines de gluten vont s’agglutiner pour former une structure maillée, un réseau glutineux et élastique qui va enrober les grains d’amidon.

L’œuf apporte du goût et de la couleur à la pâte. La farine doit être une farine de froment (blé tendre). Le gluten de la farine blé dur ne donne pas une pâte élastique.

Laisser la pâte lever pendant 1 heure dans un endroit tiède. C’est un moment décisif pour le développement des propriétés élastiques de la pâte. Au cours de ce temps de repos la pâte se met à lever. Durant la levée, la levure se multiplie abondamment en consommant les sucres contenus dans la pâte. Le gaz carbonique et l’éthanol qui se dégagent sont piégés dans le réseau de gluten et dilatent la pâte en créant des alvéoles. Si la pâte n’est pas assez travaillée et que le gluten n’a pas formé son réticulum, les gaz s’échappent. Sous l’effet de la fermentation, la température au cœur s’élève de 1 à 3 °C.

Les levures utilisent les sucres présents dans la pâte mais ceux-ci sont rapidement épuisés. D’autres sont produits progressivement par des enzymes qui dégradent une petite partie de l’amidon de la farine en sucres simples. Ces enzymes, les amylases, proviennent du blé et sont présents dans la farine qui doit être soigneusement conservée car les amylases dégénèrent peu à peu au cours du temps.

La pâte lève impérativement à l’abri de tout courant d’air. Prendre une farine conservée au sec et dont la date de péremption n’est pas dépassée.

Bien pétrir la pâte donne les meilleurs résultats. Il est même judicieux de laisser reposer la pâte au frais pendant 6 à 12 heures. Après ce temps de repos, retravailler la pâte pendant une minute et abaisser.

Envelopper la saucisse de pâte et la poser sur une plaque beurrée.

Mettre à lever dans un endroit tiède ½ h à 2 heures. Cette 2e levée renforce la structure de la pâte. Si la farine est bonne et la pâte bien faite, elle peut avoir triplé de volume.

Cuisson

Cuire dans le four à 180° pendant 35mn. Pendant la cuisson l’alcool et le gaz carbonique s’échappent. Lors de la cuisson plusieurs phénomènes sont activés : jusqu’à la température de 50°C, la levure poursuit son action et se trouve même suractivée, puis elle meurt ; l’augmentation de la production de gaz carbonique et la dilatation par la chaleur, provoquent l’accroissement du volume de la pâte et l’augmentation de la taille des alvéoles ; l’amidon se gélifie, la cuisson décristallise les grains d’amidon libérant un amidon dégradé qui devient accessible aux enzymes du tube digestif ; le gluten se coagule sous l’action de la chaleur à partir de 70°C et jusqu’à 98°C (un peu comme le blanc d’œuf) et donne à la pâte sa structure définitive. La mie restera claire car, à aucun moment, sa température interne ne dépassera 100°C. Une croûte se forme, elle enserre la mie qui se solidifie et elle brunit par caramélisation sous l’action conjuguée des sucres et des protéines.

èUne température de 180°C est suffisante. Si le four est trop chaud, la pâte est saisie trop rapidement en surface et ne lève plus.

La fabrication de la pâte levée n’a (presque) plus de secrets. A vos fourneaux !

D’autres recettes sont disponibles sur le site osmonde21.blogspot.com.

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Saucisson brioché

Préparation 30 minutes      Cuisson 35 minutes

1 saucisson pur porc à cuire ou une saucisse de Morteau       300 g de farine           1 œuf

30 g de beurre (pour le moule)    1 c à s rase de sucre    1 verre (120 ml) de lait    1 pincée de sel

½ paquet de levure de boulanger

Faire cuire le saucisson dans une eau frémissante, le retirer au bout de 20 minutes, le peler lorsqu’il aura tiédi et le garder à température ambiante.

Pour la pâte

Tiédir le lait, y délayer le sucre, le sel, la levure. Mettre la farine dans une terrine, faire un puits et y poser l’œuf. Verser le mélange tiède de lait et de levure. Travailler la pâte en l’écrasant et la tirant jusqu’à ce qu’elle se décolle de la paroi de la terrine. La laisser lever une heure dans un endroit tiède.

Beurrer ou chemiser avec du papier sulfurisé un moule à cake

Au bout de l’heure, retravailler la pâte une minute et l’abaisser.

Poser 2/3 de la pâte au fond du moule y déposer la saucisse et la couvrir avec le 1/3 de pâte restant (ou envelopper la saucisse de pâte et la poser sur une plaque beurrée).

Mettre à lever dans un endroit tiède ½ h à 2 heures.

Éventuellement badigeonner de jaune d’œuf.

Cuire dans le four à 180° pendant 35minutes.

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12 janvier 2014 7 12 /01 /janvier /2014 21:29

E450 le pyrophosphate disodique est classé en rouge dans le guide de Corine Gouget sur les addiitfs. Des expériences ont montré des effets négatif sur les rats...

 

Alors pourquoi en mettre dans la levure chimique?

Ceci pousse à aller acheter du bicarbonate de soude directement en pharmacie. Le sachet est moins joli mais au moin le produit est pur.

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26 décembre 2013 4 26 /12 /décembre /2013 22:36

Copie d'un article diffusé par les amis de la Terre contre les gros projets de méthanisation

 

Saccage écologique, influence des lobbies agricoles, argent public gaspillé et faux avantages écologiques, entre l’éthanol de maïs en France et la méthanisation du maïs en Allemagne pour produire de l’électricité, les similitudes sont nombreuses !

Article de Nils Klawitter Der Spiegel du 27/08/12 (Traduction Amis de la Terre)

LES BOUFFEURS DE MAÏS

Faire de l’électricité à partir du maïs, cela semblait être une bonne idée. C’est pour cela que les unités de biogaz furent encouragées. Aujourd’hui, des régions entières sont recouvertes par cette plante énergétique et les agriculteurs sont supplantés par les investisseurs.

Renate Rahn est productrice de lait. Elle a réussi à surmonter la crise de la vache folle et il y a 3 ans la crise du lait. Pourtant aujourd’hui, « elle ne s’en sort plus ».

Ce n’est même pas à cause de la menace de prix du lait trop bas. C’est parce qu’elle ne trouve plus de terres à louer à un prix abordable pour ses vaches et les cultures fourragères. En seulement 4 ans, le prix de la location de l’ha est passé de 250 à plus de 600 euros pour an. Une fois encore, elle a perdu avec d’autres producteurs de lait ,des surfaces de maïs au profit d’une unité de biogaz.

Avec ce maïs, ce ne sont plus des vaches qui sont nourries mais un digesteur dans lequel il fermente. L’installation fonctionne comme l’estomac d’une vache et est alimentée deux fois par jour avec du maïs haché. Sous le dôme et dans les gargouillis du digesteur, des gaz se forment et le méthane, un gaz très énergétique, est amené vers le bloc d’une centrale thermique et transformé en électricité.

Alors que le prix du lait de Renate est poussé le plus bas possible par la grande distribution, le biogaz lui, n’a aucune raison de se plaindre. L’électricité produite est subventionnée pendant 20 ans, dans le cadre de la Loi sur les Energies Renouvelables. Renate Rahn doit donner à ses vaches du soja importé du Brésil, toujours plus cher. Elle sait qu’elle va perdre la lutte pour les matières premières. « Cette politique nous fait crever ».

A l’origine, transformer des produits alimentaires en électricité a été une idée de la coalition Rouge-Vert (SPD-Grünen). C’était à l’époque des primes pour l’arrêt de la production et de la surproduction (N du T : En France, de façon similaire, le plan éthanol a été mis en place lorsque la réforme sucrière de l’Union européenne menaçait les revenus des betteraviers et que les cours du maïs étaient au plus bas. Ce plan a été uniquement conçu comme aide à ces deux filières, le discours sur les prétendus « bienfaits écologiques » de l’éthanol est venu plus tard).De multiples petites unités de méthanisation devaient transformer l’Allemagne en paradis du biogaz. Dans les champs, cela a entraîné une vraie révolution. Une ruée vers l’or, subventionnée. Et un désastre écologique.

Une unité moyenne a besoin de 200 ha cultivés en maïs et elle doit être constamment alimentée. L’appétit pour le maïs a transformé l’Allemagne en désert. Le Schleswig-Holstein, land très plat du nord de l’Allemagne, était autrefois appelé « le pays des horizons ». Aujourd’hui, sur les 150 km entre Hambourg et Flensburg à la frontière danoise, la vue est partout bouchée par les champs de maïs. Entre Brême et Münster, ce n’est pas mieux. Même en Haute Souabe (sud de l’Allemagne) et sur les hauteurs de l’Eiffel (sud-ouest) les prairies ont disparu et ont été labourées.

Le maïs-énergie est cultivée sur 810 000 ha. Rien qu’en 2011, l’augmentation a été de presque 27 000 ha, avec comme conséquence grotesque que, pour la première fois depuis 25 ans, l’Allemagne ne sera plus capable de couvrir ses besoins en céréales.

Alimenter les humains ou les moteurs ? « Nous pouvons faire les deux » claironne le nouveau président de l’Union des agriculteurs. Et s’il se trompait. ? Dans les bastions de l’élevage de poulets, il a fallu importer du maïs-aliment, puisque les champs sont pris par le maïs-énergie.

Contrairement au débat de fond sur les agrocarburants, il ne s’agit pas ici directement de savoir si la culture de plantes énergétiques alimente les moteurs ou les humains. D’une part, le maïs n’est pas transformé en carburants et d’autre part il n’y a pas beaucoup de maïs cultivé à destination des humains. Pourtant, avec la ruée sur le foncier, les terres deviennent rares et des produits alimentaires comme les pommes de terre voient leur prix monter. Dans les champs, les nouveaux « agriculteurs électriciens » font face aux éleveurs dans un nouveau conflit, auges contre kilowatts.

Christoph Lutze, un autre producteur de lait du nord de l’Allemagne explique qu’avant même qu’un agriculteur ne soit enterré, c’est la course pour ses terres. Et il n’est pas le seul à rapporter ces faits. Le producteur de lait a peur pour ses terres en location, peur des « chevaliers brigands modernes » qui sont en quête de nouvelles terres à occuper.

Cela fait déjà quelque temps que ce ne sont plus uniquement des agriculteurs qui se lancent dans le secteur énergétique. Les investisseurs s’appellent AgriKultur, Deutsche Biogas ou KTG Agrar. Ce sont des sociétés qui reçoivent des centaines de millions d’euros de banques régionales comme celles de Brême ou d’Oldenbourg, les agriculteurs ne servant souvent que de prête-noms. Grâce à eux, ces sociétés peuvent construire facilement une unité de biogaz à proximité de la ferme.

Christoph Lutze a eu à faire dernièrement avec un investisseur. Cet important administrateur judiciaire s’est installé à proximité, dans une luxurieuse maison neuve. Accessoirement, celui-ci investit aussi dans le maïs-énergie et a acquis des terres que Lutze a louées jusqu’en 2013. Ces prairies humides servent depuis des années de source de fourrage pour ses vaches et ne doivent pas être labourées sans compensation.

« Tout d’un coup, ils sont arrivés avec des machines de drainage à commandes laser, ils ont ouvert le sol et posé des tuyaux ». Pour drainer. Pour préparer la culture du maïs comme ils l’avaient fait pour les autres champs environnants en vue de la monoculture du maïs. D’après l’investisseur, Lutze laissait ses champs s’abîmer.

Accaparement des terres au coeur de l’Allemagne ? La rotation des cultures fait partie des bases d’une bonne pratique agricole. On ne plante pas du blé sur du blé, mais on alterne les cultures pour conserver la qualité du sol. Avec la manie du maïs, cette tradition pleine de bon sens a été enterrée.

Pour le maïs, les règles ont changé. Effectivement, il semble qu’il soit possible sans grosse perte de rendement, de cultiver 10 ou 12 années de suite du maïs.

Par contre, les dommages écologiques sont supportés par la communauté. Les monocultures provoquent la disparition d’oiseaux comme les vanneaux et les busards cendrés qui ne trouvent plus de lieux de nidification. Dans certaines régions de Bavière, 90% des zones de prairies riches en biodiversité ont disparu, souvent victimes de l’avancée du maïs.

Entre temps, du maïs est même planté sur des tourbières. Et là, le fameux bilan écologique du biogaz présenté comme un des sauveurs des climats, est absolument calamiteux. Pour Uwe Baumert de l’association écologiste Nabu « le carbone qui était séquestré dans les sols est relâché ». Le Nabu a calculé que cela représentait une quantité de 700 g de CO2 au KW/h. C’est autant que certaines centrales au charbon.

Les responsables de la qualité de l’eau sont aussi inquiets face à la plante miracle. Une centrale produit chaque année près de 20 000 tonnes de déchets de digestion. Ils sont ensuite utilisés comme engrais sur les champs de maïs moissonnés. Comme les lisiers, ce sont de vraies bombes à nitrates.

La charge en nitrates dans les nappes de surface sous les champs de maïs a été mesurée. La plupart du temps, elle se situe entre 80 et 120 mg/l, soit bien au-dessus de la valeur maximale autorisée de 50mg/l. comme l’indique un responsable de l’eau, « Nous sommes en train de créer un très gros problème. Nous acceptons de sacrifier la qualité des eaux souterraines ».

Pendant ce temps, les autorisations pour de nouvelles unités de biogaz continuent d’être données sans problème. Entre Hambourg et Brême, un projet de centrale de 5 Mégawatts, avec 9 digesteurs, a reçu le feu vert. Ce serait la deuxième installation dans une petite zone de protection des eaux. Les édiles locaux dont certains sont partie prenante du projet ont évacué d’un revers de main les inquiétudes des fournisseurs d’eau locaux. Le fils de Hans-Heinrich Ehlen, homme politique de droite (CDU) longtemps Ministre de l’Agriculture, est dans le coup.

Cette évolution est parfaitement connue du personnel politique. Dès 2007, le Comité scientifique du ministère de l’Agriculture a déconseillé cette forme de soutien. Le ministre de l’époque, Horst Seehofer, et Ilse Aigner qui lui a succédé ont ignoré volontairement les avertissements : le lobby agricole a trouvé dans le camp conservateur un très fort soutien. Ce n’est que dernièrement que la situation a été un peu rectifiée : dorénavant les installations subventionnée ne peuvent utiliser que 60% de maïs.

Il y a 4 semaines, un groupe de scientifiques de renom a tout simplement demandé de mettre fin au boum du biogaz. Il s’agissait de chercheurs de l’Académie Nationale des Sciences « Leopoldina », Ce qui les dérangeait le plus était le taux d’efficacité dérisoire par rapport aux immenses surfaces nécessaires.

Voilà, une technique qui, avec 4,8 milliards d’euros de tarifs préférentiels, est maintenue en vie cette année encore, alors qu’elle « n’a aucune chance » face à l’éolien et au photovoltaïque, selon le chercheur de l’Académie, Rolf Thauer,

Par rapport à l’énergie utilisée, l’électricité photovoltaïque est 5 fois plus efficace que l’électricité produit à partir de biogaz et l’éolien 10 fois plus.

Lorsqu’on parle de transition énergétique, de tels calculs font désordre. 80% de toutes les installations de biogaz dans le monde se trouvent en Allemagne, notamment les deux plus grandes Penkun et Güstrow. Ces deux centrales produisent 20 Mégawatts et peuvent chacune fournir l’électricité de 40 000 ménages.

Ces deux dévoreurs industriels de maïs en engloutissent 1000 tonnes chaque jour. Pour cela, il leur faut une surface agricole de 12 000 ha qui s’étend jusqu’à la Pologne. Pourtant, en fin de compte, ces géants ne sont que des nains énergétiques.

Felix Hess, responsable de la compagnie Nawaro ne comprend pas ce « racisme anti-maïs ». L’idée du biogaz vient de l’époque des montagnes de céréales et des primes pour la jachère. Si les installations ont encore à lutter contre certaines difficultés, cela est dû au fait que cette technique est relativement récente.

Par contre, pour la nouvelle installation de Güstrow, Hess avance un taux d’efficacité incroyable de 80%. Il faut noter quand même, que l’installation ne dépend plus des subventions de la Loi sur les Energies Renouvelables, mais envoie directement son biogaz dans le réseau. Mais cette technique n’a pas non plus, encore atteint sa maturité.

Par contre, Hess est confronté actuellement à d’autres conséquences du boum du biogaz. Certains agriculteurs profitent de la situation pour renégocier les tarifs lors de la livraison. Dans certains Länder, cela passe encore « mais si les tarifs pratiqués étaient ceux de la Basse Saxe, nous serions en faillite ».

Rédigé le 7 septembre 2012

 

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24 novembre 2013 7 24 /11 /novembre /2013 20:49

Comme chaque année, la Croix-Rouge avec l’aide d’associations, de bénévoles, d’élus et le soutien logistique de la Ville organise la collecte de denrées alimentaires à Saverne. Les lieux de collecte se situent à l’entrée des grandes surfaces les vendredi 29 et samedi 30 novembre.

Les personnes qui souhaitent participer à cette opération en tant que bénévoles peuvent télécharger la fiche de renseignement et la retourner complétée à la Croix‑Rouge de Saverne avant le 13 novembre 2013, à l’adresse suivante :

1 rue Sainte Marie

67700 SAVERNE

Télécharger la fiche

Quelques chiffres

En 2012, 15 palettes de nourriture ont été remises à la Banque Alimentaire du Bas-Rhin.

Sur l’ensemble du Bas-Rhin, 280 tonnes de denrées ont pu être recueillies et une aide alimentaire a pu être apportée à 14 000 personnes chaque mois par l’intermédiaire de 82 associations.

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12 août 2013 1 12 /08 /août /2013 16:17

À l’initiative de l’association savernoise Osmonde 21, les DNA publient une recette par mois. Objectif : proposer des menus et des plats goûteux sans être chargés en viande, respectant la saisonnalité des produits. Aujourd’hui, l’art d’accommoder les restes.

Dans notre mode de vie , le gaspillage alimentaire est devenu banal. On estime que les pays occidentaux perdent ou gaspillent de 180 kg à 300 kg d’aliments par habitant et par an. Cette situation est dommageable pour l’environnement… et le budget.

Tartines estivales

Les causes de ce gaspillage sont multiples et d’importance inégale. On citera notamment les systèmes de la grande distribution et de l’agriculture intensive. Les consommateurs sont responsables pour un tiers de ce gâchis. En France, en moyenne 21 % des aliments achetés sont jetés. Pour éviter cela, il s’agit notamment de savoir utiliser les restes : une carotte rabougrie, une salade flétrie pour faire un potage, des fanes de radis pour un pesto, une portion de fromage qui traîne sur une tartine chaude (lire plus d’idées en encadré). Pour exemple, la recette de ce mois d’août utilise un reste de ratatouille en tartine estivale.

Préparation : 10 minutes. Cuisson : 5 minutes. Ingrédients : 100g de fines lamelles de comté et 50g de comté râpé, 4 tranches de pain de campagne, 300g de ratatouille froide, persil plat, fleur de sel et poivre du Sichuan.

Griller les tranches de pain, puis vite les recouvrir de lamelles de comté. Ajouter ensuite la ratatouille et un peu de comté râpé. Mettre sous le gril du four. Poivrer, parsemer de fleur de sel. Décorer de persil plat et servir sans attendre sur un lit de salade. C’est un repas équilibré en soi

D’autres recettes sur le site http://osmonde21.blogspot.fr.

 

recette.jpg

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3 juin 2013 1 03 /06 /juin /2013 19:52

 

écrit par: Institut Momentum 
Entretien avec Serge Latouche 
avril 2013 
 
Serge Latouche est pro­fesseur émérite d’économie à l’Université Paris-Sud XI (Orsay). Il est l’un des con­tribu­teurs his­toriques de la Revue du MAUSS et l’un des fon­da­teurs de la “Revue d’étude théorique et poli­tique de la décrois­sance” Entropia. Il dirige depuis 2013 la col­lec­tion “Les précurseurs de la décrois­sance” aux éditions Le Pas­sager clan­des­tin. Fig­ure de proue de la décrois­sance con­viviale et de l’après-développement, il dénonce l’économisme et l’utilitarisme des sci­ences sociales. Il se bat con­tre la notion de développe­ment durable qu’il définit comme une impos­ture et une inep­tie. Il est notam­ment l’auteur du Pari de la décrois­sance (Fayard) et de Pour une société d’abondance fru­gale (Mille et une nuits). Il vient de pub­lier Bon pour la casse, Les déraisons de l’obsolescence pro­gram­mée aux éditions Les liens qui libèrent. C’est le pre­mier livre en France qui relate l’histoire de ce phénomène sin­gulier de l’économie capitaliste.
 
Qu’est– ce que l’obsolescence ?
 
C’est un terme qui n’est pas telle­ment fam­i­lier au com­mun des mor­tels, qui d’ailleurs est très récent en français puisque, d’après les dic­tio­n­naires, il serait apparu en France dans les années 50. En Angleterre le terme appa­raît en 1826 dans le con­texte de la révo­lu­tion indus­trielle. Il ne ren­voie pas encore à l’obsolescence pro­gram­mée mais plutôt à ce que nous appel­le­ri­ons aujourd’hui l’obsolescence tech­nique. On con­nais­sait l’usure physique, l’usure naturelle, les objets finis­sent par s’user, rien n’est éter­nel. Mais avec l’obsolescence tech­nique appa­raît l’idée qu’avant que les objets soient usés, nous les met­tons au ran­cart parce que nous avons inventé des choses plus per­for­mantes dans l’intervalle. Ce n’est pas nou­veau, en ce sens que l’on peut dire que l’âge de bronze rend obsolète l’âge de pierre. Mais on com­prend bien qu’avec la révo­lu­tion indus­trielle, cela s’accélère parce que l’évolution des tech­niques, notam­ment liée à la con­cur­rence, est tou­jours plus rapide et parce que les indus­triels sont obligés de changer leurs machines, leurs équipements avant même qu’ils soient usés et qu’ils ne tombent en panne. Ce qui a des con­séquences très impor­tantes sur le tra­vail, puisqu’il faut amor­tir très rapi­de­ment les machines, par con­séquent les faire tra­vailler le plus pos­si­ble puisque l’on va les changer avant même qu’elles soient usées. On intro­duit donc le tra­vail en con­tinu et les tra­vails postés, tous deux très mau­vais pour la santé. C’est le seul sens qui est attesté dans les dic­tio­n­naires jusqu’à l’apparition de ce livre pra­tique­ment. Mais ça va changer !
 
Pre­mière appari­tion en langue française vous voulez dire, car une autre déf­i­ni­tion de l’obsolescence était déjà présente aux États-Unis par exemple…
 
Oui vous avez rai­son mais on y revien­dra ! Il y a un deux­ième sens que l’on trouve au dic­tio­n­naire de Romeuf, qui y fait allu­sion en 1856, qui est l’obsolescence psy­chologique ou encore obso­les­cence sym­bol­ique. Dans ce sens là, ce qui rend un objet obsolète, c’est-à-dire hors d’usage, ce n’est pas la tech­nique, c’est la mode. Là aussi c’est un phénomène très ancien attesté déjà chez les Romains, il y a des modes ves­ti­men­taires, ali­men­taires, orne­men­tales etc. Pen­dant la péri­ode clas­sique, il existe aussi le style Louis XIII, Louis XIV, Louis XV, Louis XVI, Direc­toire, Empire etc. Mais cela s’accélère encore avec la révo­lu­tion indus­trielle, avec la société mod­erne parce que cela fait ven­dre. Dans le vête­ment, la mode change tous les ans, une année les jupes longues, l’autre année les jupes cour­tes etc.
 
Et puis appa­raît un peu par hasard, en 1932, dans un essai d’un auteur mil­lion­naire phil­an­thrope, Bernard Lon­don, ce terme de « planned obso­les­cence ». Son essai s’intitule Sor­tir de la crise à tra­vers l’obsolescence pro­gram­mée qu’il faudrait plutôt traduire par « Sor­tir de la crise grâce à plan­i­fi­ca­tion de l’obsolescence ». Bernard Lon­don n’avait pas du tout con­science d’inventer une troisième forme d’obsolescence, sim­ple­ment il pen­sait que ce phénomène de mise au ran­cart pré­maturée des objets et des out­ils devait être plan­i­fié. La mode était à la plan­i­fi­ca­tion, on est en pleine crise, le seule pays qui échappe à la crise c’est l’Union Sovié­tique qui est en plein dans les plans quin­quen­naux et fait beau­coup de pro­pa­gande là-dessus. La plan­i­fi­ca­tion s’introduit un peu partout, le New Deal est lui-même une forme de plan­i­fi­ca­tion. Mais la pra­tique que désigne ce terme aujourd’hui, et surtout en France, c’est l’idée que l’on intro­duit dans un équipement, ménager par exem­ple, une pièce défectueuse qui va obliger à renou­veler l’équipement. Cette pra­tique est très anci­enne là encore. Elle exis­tait sans doute depuis l’Antiquité puisque l’on y trouve des cas de fal­si­fi­ca­tions de pro­duits comme par exem­ple la fameuse couronne en or de Hiéron de Syra­cuse qui a per­mis à Archimède de décou­vrir la loi qui porte son nom.
 
L’obsolescence pro­gram­mée s’accélère avec la révo­lu­tion indus­trielle, ce qui pousse les pre­miers social­istes à dénon­cer très forte­ment ce qu’ils appel­lent l’adultération des pro­duits. Nous avons un mag­nifique exem­ple en ce moment de cette adultéra­tion des pro­duits avec la viande de cheval ven­due sous le nom de viande de bœuf. William Mor­ris et Paul Lafar­gue expliquent com­ment les indus­triels met­tent beau­coup d’amidon dans les fibres tex­tiles pour que les con­som­ma­teurs soient obligés de changer de chemise beau­coup plus sou­vent. Cette pra­tique devient plus tech­nique dans les années 1920. L’exemple le plus typ­ique, le seul vrai­ment doc­u­menté et prouvé, ce sont les fameuses ampoules. Exem­ple qui est d’ailleurs à l’origine de mon livre, puisque le film de Cosima Dan­noritzer qui m’a poussé à écrire sur le sujet s’appelle en anglais The Ligh­tulb Con­spir­acy (La con­spir­a­tion de l’ampoule). À Noël 1924 donc, les prin­ci­paux fab­ri­cants d’ampoule, Gen­eral Elec­tric et les autres, se réu­nis­sent à Genève et déci­dent que la durée des ampoules ne doit pas dépasser 1000 heures. C’est le car­tel Pheobus des 1000 heures. Cet épisode est très cod­i­fié et très doc­u­menté. Il n’existe pra­tique­ment aucun cas aussi fla­grant d’obsolescence, parce que c’est impos­si­ble à prou­ver, parce que les pro­duits sont plus com­plexes, etc. Il y a aussi les bas nylon DuPont de Nemours après la guerre, les pre­miers bas pra­tique­ment inus­ables, inde­struc­tibles. En l’occurrence, on a donné ordre aux ingénieurs de ren­dre les fibres moins résis­tantes, mais il n’y a pas eu de procès pour les bas nylon comme pour le car­tel Pheobus. Per­sonne n’a protesté pour les bas, parce que la mode se mêle à la tech­nique et que les trois formes d’obsolescence se trou­vent com­binées. On peut dire que le sys­tème comme tel a été lancé à peu près à la même époque que la Light­bulb Conspiracy.
 
1923, c’est aussi la guerre entre Ford et Gen­eral Motors. Henry Ford avec sa men­tal­ité d’ingénieur, ten­ant à des biens solides fab­rique une Ford T inus­able, inde­struc­tible — quand elle tombe en panne on y donne un coup de pied et elle repart – et pas très élégante. Comme il le dis­ait lui-même, on peut la com­man­der de toutes les couleurs pourvu qu’elle soit noire ! Et puis appa­raît un pre­mier génie du mar­ket­ing, Alfred Sloan chez Gen­eral Motors, qui com­prend que, sur le plan tech­nique, il ne va pas bat­tre Ford, mais il va le coin­cer en changeant de mod­èle tous les ans. Les nou­veaux mod­èles ne sont pas plus per­for­mants, mais ils sont plus séduisants avec des enjo­liveurs, de nou­velles couleurs, etc. Cela plaît aux dames ! Ford résiste un temps, mais il est obligé de capit­uler. Fon­da­men­tale­ment, il s’agit d’obsolescence psy­chologique, mais elle est pro­gram­mée puisque l’on plan­i­fie tous les ans un nou­veau mod­èle. Après la deux­ième guerre mon­di­ale, cela devient sys­té­ma­tique, notam­ment avec le jetable, et on arrive à cette sit­u­a­tion dans les années 1960, quand Vance Packard écrit son livre L’ère du gaspillage (The Waste Mak­ers), dans lequel il inter­roge une respon­s­able d’association de con­som­ma­teurs en lui deman­dant quels étaient les pro­duits qui n’étaient pas jeta­bles et qu’elle a répondu « je n’en vois qu’un : le piano ! ». Le meilleur exem­ple de la com­bi­nai­son des trois formes d’obsolescence c’est celui, plus récent, de l’iphone 5. C’est un phénomène de mode puisque des gens passent la nuit à faire la queue pour être sûrs de se pro­curer le nou­veau mod­èle le jour de sa sor­tie. Mais il s’agit aussi d’un phénomène d’obsolescence tech­nique – parce qu’il est plus per­for­mant par cer­tains côtés – et d’obsolescence pro­gram­mée – parce que il est fait de telle façon qu’il est incom­pat­i­ble avec d’autres acces­soires et applications.
 
On com­prend que l’obsolescence pro­gram­mée se développe comme con­cept indus­triel opéra­tionnel dans l’entre deux guer­res aux États-Unis — même si il est dif­fi­cile de retracer les prémices du con­cept. Pour quelles raisons cette obso­les­cence pro­gram­mée devient-elle la règle ? Est-elle inhérente au productivisme ?
 
C’est une ten­dance dès le moment du sys­tème thermo-industriel, la pro­duc­tion de masse a besoin d’une con­som­ma­tion de masse. Comme la capac­ité de con­som­ma­tion est tout de même lim­itée, pour que les masses con­som­ment, il faut qu’il y ait un turnover beau­coup plus rapide des pro­duits. Pour cer­tains pro­duits, cela com­mence très tôt puisqu’en 1875 déjà, appa­raît aux États-Unis un sys­tème de cols et de manchettes jeta­bles – 150 mil­lions de cols jeta­bles en papier – que l’on voit bien dans les films de Chap­lin. Donc le jetable ce n’est pas nou­veau, c’est dans la logique du sys­tème. Cela se généralise pro­gres­sive­ment parce qu’il y avait tou­jours quand même cette idéolo­gie que les biens durables étaient fait pour durer ! Mais en fait non ! Cela s’accélère, le pre­mier rasoir jetable « King Gillette » date de 1895 mais il y a encore plus jetable main­tenant avec les rasoirs en plas­tique. A par­tir de là, tout devient jetable.
 
L’obsolescence pro­gram­mée est un moyen aux États-Unis de stim­uler la pro­duc­tion indus­trielle de masse, est-ce qu’elle par­ticipe aussi d’un pro­gramme plus global pour pro­poser une alter­na­tive au bolchévisme à l’époque ?
 
C’est ce que dit Jean-Claude Michéa. Cela con­cerne plus générale­ment le keyneso-fordisme qui appa­rait aux États-Unis avec le New Deal. Dans le keyneso-fordisme et dans l’idée de pro­gram­ma­tion et de plan­i­fi­ca­tion de l’obsolescence, oui c’est une alter­na­tive au bolchévisme puisque pour Bernard Lon­don, c’est grâce à cela qu’on se sort de la crise économique qui avait débuté en 1929. C’est une argu­men­ta­tion sociale, sinon social­iste. C’est une général­i­sa­tion de la prime à la casse avant la let­tre dans un but social. S’il n’y a pas de prime à la casse, Renault et Cit­roën débauchent. La prime à la casse, on l’a instau­rée en France aussi pour les chaudières élec­triques, et, comme le pro­pose Bernard Lon­don, on pour­rait l’imaginer pour tout : oblig­a­tion de changer de grille pain tous les ans, d’ordinateur tous les deux ans etc.
 
Oui parce que ce que pro­pose Lon­don c’est une obso­les­cence pro­gram­mée oblig­a­toire et gérée par l’état…
 
Absol­u­ment. Je suis en train de pré­parer avec un petit éditeur une édition/traduction du petit opus­cule de Bernard Lon­don où je fais la pré­face et le com­men­taire. C’est très intéressant…
 
Cela part de bons sen­ti­ments c’est cela qui est le plus surprenant…
 
Absol­u­ment…
 
Dans l’imaginaire col­lec­tif, les change­ments de tra­jec­toires tech­nologiques sont des évolu­tions naturelles con­tre lesquelles seuls les rétro­grades s’insurgent. Pour­tant, même si on l’oublie vite, les change­ments de tech­nolo­gie s’accompagnent sou­vent de luttes engagées. Les lud­dites, par exem­ple, ont vive­ment mil­ité au début du 19ème siè­cle con­tre l’essor des métiers à tisser qui rendaient obsolètes les arti­sans bri­tan­niques. L’obsolescence pro­gram­mée représente un boule­verse­ment dans notre manière d’envisager le « pro­grès » tech­nique, puisque l’on passe d’une vision de la tech­nique comme moyen de sat­is­faire les besoins humains et d’améliorer le sort de nos con­génères, à la tech­nique comme moyen de créer et d’entretenir des besoins fac­tices. Com­ment les ingénieurs ont vécu ce change­ment de par­a­digme et ont accepté de réviser leur éthique? Com­ment les con­som­ma­teurs améri­cains perçoivent et acceptent ce phénomène ? Il y a-t-il eu des résis­tances à l’obsolescence pro­gram­mée à l’époque de l’entre deux guerres ?
 
Ivan Illich, dans Tools for Con­vivi­al­ity, (La con­vivi­al­ité), donne des exem­ples d’outils con­vivi­aux : la bicy­clette, Singer qui invente la machine à coudre par amour pour sa femme etc. Ces out­ils con­vivi­aux n’induisent pas des lud­dismes, ils sont véri­ta­ble­ment conçus pour améliorer le tra­vail quo­ti­dien, le ren­dre moins pénible etc. Ils ont tou­jours existé, on a inventé au Moyen-Âge le har­nais, le col­lier d’épaule etc. C’était assez lent, mais enfin, on inven­tait pro­gres­sive­ment des tech­niques con­tre lesquelles per­sonne ne se révoltait. Un peu quand même puisque quand Guten­berg invente l’imprimerie, les fab­ri­cants d’enluminures s’y opposent…
 
Quand le cap­i­tal s’empare de la pro­duc­tion comme dis­ait Marx, à ce moment il achète le tra­vail mais tente aussi d’acheter et de con­trôler l’ingéniosité humaine. À ce moment-là, les ingénieurs devi­en­nent des salariés, ils sont payés pour obéir à la logique du tay­lorisme. On ne leur demande pas de penser, il y a d’autres gens qui, eux, sont payés pour penser ! Et c’est ce qui se passe quand dans les années 1940 lorsque l’on demande aux ingénieurs de DuPont de Nemours de ren­dre les bas plus frag­iles. Les ingénieurs rétorquent qu’ils ont été for­més pour la per­for­mance tech­nique et non pas pour saboter le tra­vail. Pen­dant quelques années aux États-Unis, il y a effec­tive­ment un débat entre les ingénieurs sur l’éthique. Il y a un très beau film qui sort à ce moment là,L’homme au com­plet blanc, que l’on peut vision­ner sur inter­net et qui retrace l’histoire des bas nylon. Mais le grand pub­lic ne s’offusque pas, car le grand pub­lic, ce sont aussi les syn­diqués, et dans le film on voit très bien que ce sont les syn­diqués qui, en accord avec le patron, mon­tent au créneau pour empêcher l’invention parce que cela leur enlève le pain de la bouche. Sur ce point, c’est très con­flictuel. Les mou­ve­ments de protes­ta­tion sont très faibles, venus prin­ci­pale­ment des asso­ci­a­tions de con­som­ma­teurs aux États-Unis. Celles-ci ont obtenu des délais de garantie imposés aux entre­prises pour que les objets aient une durée de garantie min­i­mum. Aujourd’hui, il faut se bat­tre pour faire passer les garanties sur les pro­duits élec­tron­iques de 2 ans à 5 ans, voire à 10 ans. Mais on n’a jamais vu des gens descen­dre dans la rue pour pro­tester con­tre l’obsolescence pro­gram­mée ! Si, il y a eu cette petite révolte sur inter­net qu’on voit dans le film pour l’ipod d’Apple qui avait exagéré en met­tant une bat­terie qu’on ne pou­vait pas changer et qui était obsolète au bout de 18 mois, ce qui forçait les gens à acheter un nou­vel appareil à la fin de cette péri­ode ! Comme aux États-Unis, il y a ce phénomène que nous n’avons pas en France de « class action », c’est-à-dire un recours col­lec­tif, il y a eu une men­ace de procès, Apple a fait machine arrière et ils ont cédé !
 
Ce qui m’a inter­pelé dans cette affaire, c’est de voir que les plaig­nants ne se bat­tent que con­tre l’obsolescence pro­gram­mée et en aucun cas con­tre l’obsolescence psy­chologique ou tech­nique. Ils défend­ent en fait avant tout leur droit à con­som­mer puisqu’ils se recon­nais­sent comme des con­som­ma­teurs assidus, voire acharnés, d’Apple et ils expliquent que le fait même d’avoir reçu des com­pen­sa­tions finan­cières leur aura sim­ple­ment per­mis d’acheter le nou­vel ipod…
 
Oui, il faut être clair : l’obsolescence pro­gram­mée n’a jamais été mal vue par les Américains.
 
Même à une cer­taine époque à laque­lle l’Amérique était encore assez puritaine ?
 
Non, ça n’a jamais été mal vu, en tout cas pas de façon impor­tante, puisque la men­tal­ité reste tout de même « ce qui est bon pour Gen­eral Motors est bon pour les États-Unis et ce qui est bon pour les États-Unis est bon pour le monde ». Donc, s’il y a des con­tes­ta­tions, elles sont con­tre des abus ponctuels : un sab­o­tage car­ac­térisé qui crée un dom­mage iden­ti­fi­able par exem­ple. L’américain est d’accord pour changer d’ordinateur et met­tre à la poubelle un ordi­na­teur en par­fait état de marche ou un télé­phone en par­fait état de marche, mais il n’est pas d’accord s’il est obligé de le faire après une péri­ode qu’il juge trop courte, parce qu’il estime avoir été volé. C’est évidem­ment une vision très indi­vid­u­al­iste. C’est intéres­sant parce que quand l’obsolescence pro­gram­mée s’introduit en Europe, elle s’introduit avec une con­no­ta­tion néga­tive liée à l’idée de sab­o­tage. Pour les Améri­cains, cela ne pose pas de prob­lème fon­da­men­tal. Brooks Stevens, le génie du design qui pré­tendait avoir inventé le terme d’obsolescence pro­gram­mée, est con­sid­éré comme un héros aux États-Unis. Il pas­sait son temps à dessiner de nou­veaux mod­èles pour amener les gens à en changer tous les ans. Il dis­ait lui-même : « j’amène les gens à changer de mod­èle non pas parce qu’il est obsolète tech­nique­ment ou usé, mais tout sim­ple­ment pour changer, parce que c’est beau, parce que c’est nou­veau ». Les Améri­cains ont cette idée qu’il faut changer de mai­son tous les 10 ans car au bout de 10 ans la mai­son est obsolète. Effec­tive­ment, j’ai été très sur­pris au Canada, parce qu’au bout de 10 ans on ne répare pas les maisons qui sont con­stru­ites assez bon marché, en struc­ture légère, sou­vent avec beau­coup de bois. Au bout de 10 ans la mai­son extérieure est très bien, par­faite, mais elle ne vaut plus rien parce que tout est un peu déglin­gué. Les machines, par exem­ple, font trop de bruit et vibrent trop fort et empêchent les habi­tants de dormir. Alors, on loue à des étudi­ants beau­coup moins cher – c’est comme ça que j’ai habité dans une de ces maisons. Du coup, un quartier qui était bour­geois devient pop­u­laire mais extérieure­ment, ça ne se voit pas du tout. En me faisant vis­iter Mon­tréal, on me dis­ait « là c’est le quartier où les gens gag­nent 50 000 dol­lars, ça c’est le quartier où les gens gag­nent 20 000 dol­lars, là celui où ils gag­nent 10 000 dol­lars etc. » Mais moi je ne voy­ais aucune dif­férence entre ces quartiers, inno­cent comme j’étais, il me sem­blait que c’étaient les mêmes maisons. Mais je me suis rendu compte que les moins chères étaient très dégradées et quand elles l’étaient trop, on les rasait pour en con­stru­ire de nou­velles. En Europe nous n’avons jamais été jusque là.
 
Vous dites dans votre livre que l’obsolescence pro­gram­mée, c’est aussi l’expression d’un mal plus pro­fond qui serait l’ « obso­les­cence de l’homme » dont parle Gün­ther Anders, c’est-à-dire l’obsolescence de l’homme face à ses pro­pres créa­tions, sa honte prométhéenne face aux machines qu’il a créées…
 
L’obsolescence pro­gram­mée con­tribue à créer une cul­ture qui con­sid­ère que tout est jetable, y com­pris l’homme. Il y a même un livre qui est sorti il y a quelques années et qui s’appelle Le man­ager jetable ! Nous voyons bien aujourd’hui que les hommes sont jeta­bles, non seule­ment les ouvri­ers que l’on met à la casse – ce qui con­stitue un phénomène assez ancien – mais aussi les PDG qui sont main­tenant éjecta­bles. Il y a deux aspects au prob­lème. Il y a l’aspect « cul­ture du jetable » qui atteint l’homme lui-même dans cette logique où les humains sont des éléments de la méga­ma­chine, jeta­bles donc, au même titre que tous les autres com­posants. On s’accoutume et on ne se choque plus telle­ment de cet état de fait. Pour les SDF par exem­ple, on se dit que c’est mal­heureux, mais qu’on ne peut rien y faire, que c’est une fatal­ité. Puis, effec­tive­ment, il y a le deux­ième volet, plus pro­pre à Gün­ther Anders ou à Jacques Ellul ou à Illich, où la tech­nique hum­i­lie l’homme puisqu’elle le rend inutile. L’homme est encore une fois jetable du fait que les machines le rem­pla­cent pour de très nom­breux métiers. Ce qui n’est pas for­cé­ment un mal si c’est pour éviter de faire des boulots aussi stu­pides que de percer des bil­lets dans le métro par exem­ple ! Mais enfin, cela pose d’autres prob­lèmes… Quand Deep Blue bat Kas­parov l’homme devient inutile et par con­séquent il peut dis­paraître. L’humanité va dis­paraître parce qu’on va gref­fer aux hommes des puces et toutes sortes de tech­nolo­gies et que l’on va arriver dans l’aire du tran­shu­man­isme, dans tous les délires post-humanistes etc.
 
L’obsolescence pro­gram­mée n’est-elle pas para­doxale­ment aussi un moyen per­vers pour l’homme de com­bat­tre sa honte prométhéenne en gar­dant un con­trôle restric­tif sur ses créa­tions ? En lim­i­tant con­sciem­ment la qual­ité de ses pro­duc­tions, n’essaye-t-il pas d’oublier l’idée qui le hante, à savoir qu’ « il est le seul à avoir été créé obsolète » ?
 
Cela peut se défendre, je n’y ai pas vrai­ment réfléchi sous cet angle mais une expli­ca­tion n’exclut pas l’autre ! Tant que ce ne sont pas les machines qui pro­duisent elles-mêmes les machines puisque dans cer­tains phan­tasmes, comme les ordi­na­teurs dou­blent leur capac­ité tous les 18 mois, l’ordinateur va devenir telle­ment plus puis­sant qu’il va lui-même décider de pro­duire des ordi­na­teurs plus puis­sants et ainsi de suite. À ce moment-là l’humain perd la main. Mais l’obsolescence pro­gram­mée ne touche pas tout. Parce qu’en principe une cen­trale nucléaire n’est pas prévue pour exploser au bout de tant d’années ! On essaie au con­traire de la faire durer indéfin­i­ment dans une sécu­rité totale comme le pré­ten­dent les ingénieurs. On sait bien que ce n’est pas le cas, mais ce n’est pas voulu, de même qu’un Boe­ing n’est pas fait pour imploser en vol. Il demeure des choses sérieuses quand même. Les équipements mil­i­taires aussi ne sont pas non plus pro­gram­més pour se dégrader. Même si on a bien vu que l’on ne pou­vait pas empêcher Bouygues d’utiliser du béton truqué pour la con­struc­tion des cen­trales nucléaires !
 
Nous n’avons pas encore parlé des con­séquences de l’obsolescence pro­gram­mée, notam­ment sur l’environnement et les écosys­tèmes. Pourquoi la combattre ?
 
D’abord parce que c’est un énorme gaspillage, per­sonne ne peut le nier. On peut très bien imag­iner que, dans votre vie active, au lieu d’utiliser vingt machines à laver ou vingt ordi­na­teurs vous n’en ayez qu’un, qui dure toute la vie. C’est ainsi que nos grands par­ents ou arrières grands par­ents con­som­maient. Ils achetaient une hor­loge com­toise et c’était défini­tif. Ils se la trans­met­taient même de généra­tion en généra­tion. En acheter dix moins chères revient à en met­tre neuf à la poubelle : un gâchis alors que l’on pour­rait con­som­mer dix fois moins de ressources naturelles. Ce que ne savait pas Bernard Lon­don et que l’on sait main­tenant, c’est que nous vivons dans un monde fini, que les ressources sont lim­itées, que l’énergie est lim­itée – car il y a aussi un gaspillage énorme d’énergie pour fab­ri­quer tout ces objets. On épargn­erait énor­mé­ment de matières pre­mières et d’énergie en fab­ri­quant des biens durables et solides que nous n’aurions pas besoin de renou­veler. Puisqu’on n’arrête pas le pro­grès, il faut con­stru­ire des objets per­fectibles. On pour­rait imag­iner des ordi­na­teurs qui per­me­t­traient de changer seule­ment les 5% des pièces qui sont obsolètes en ajoutant un périphérique ou en rajoutant un petit mod­ule. C’est un prob­lème d’éco-conception, d’eco-design. Il faut que les objets soient conçus pour être répara­bles, que l’on puisse changer la bat­terie de l’ipod, par exem­ple, sans le jeter entier à la poubelle. Il faut enfin que les objets soient conçus pour être recy­clables : une fois qu’on ne peut plus les réparer et les améliorer, on re-décompose leurs éléments et on en récupère ce que l’on peut. Sur le plan écologique, l’obsolescence pro­gram­mée donne lieu à un énorme gaspillage, ce qu’avait déjà très bien com­pris Vance Packard en 1960.
 
Vous avez parlé de l’éco-conception, des garanties, quelles sont les autres solu­tions pra­tiques qui exis­tent pour dépasser l’obsolescence programmée ?
 
Une solu­tion bien illu­soire qui est dans le pro­gramme Terra Nova et des Amis de la Terre c’est de faire une loi. Or une loi serait un coup d’épée dans l’eau parce que l’on ne coin­cera pra­tique­ment jamais un indus­triel en fla­grant délit d’obsolescence pro­gram­mée. J’ai ren­con­tré un ingénieur qui tra­vail­lait dans l’industrie auto­mo­bile qui m’a expliqué à quel point il était scan­daleux de voir le nom­bre de pièces défectueuses qui étaient intro­duites dans les voitures. Mais la voiture en elle-même, elle roule ! Puisque les pro­duc­teurs savent que les gens vont en changer, ils ne s’embêtent pas à acheter plus cher des équipements résis­tants à leurs sous-traitants. Ils vont choisir des sous-traitants en Chine qui leur fourniront des pièces qui dureront le min­i­mum de garantie. On pour­rait effec­tive­ment faire des machines dont tous les éléments seraient beau­coup plus fiables, mais cela coûterait plus cher. On ne peut pas coin­cer un pro­duc­teur de voiture sur le fait que la cour­roie de trans­mis­sion casse au bout de 50 000 km. Il dira sim­ple­ment qu’il suf­fit de changer la cour­roie et pas l’intégralité de la voiture. Quant à sys­té­ma­tiser l’éco-design, cela ne se fera pas spon­tané­ment. Mais même si cela ne se fait spon­tané­ment, nous ne sommes déjà plus dans un sys­tème totale­ment cap­i­tal­iste, totale­ment libéral, nous sommes déjà en marche vers quelque chose d’autre, vers un change­ment de par­a­digme, plus unique­ment dans une logique pro­duc­tiviste. Nous voyons bien en ce moment même que nous sommes en pleine schiz­o­phrénie puisque la min­istre de l’écologie s’engage pour créer une prime à l’anti-casse tan­dis que le min­istre de l’économie en charge des emplois veut allouer une prime à la casse. Pour sauver l’environnement, nous sommes con­va­in­cus qu’il n’y a que la propo­si­tion de la décrois­sance en fin de compte.
 
Les exem­ples de sor­tie de l’obsolescence pro­gram­mée et de prise en compte des lim­ites plané­taires dont vous par­lez dans votre livre (l’autarcie ital­i­enne, l’Amérique pen­dant la sec­onde guerre mon­di­ale etc.) se situent pen­dant des péri­odes extrêmes mar­quées par les crises et la néces­sité et plus encore par la guerre. De la même manière, les mou­ve­ments de tran­si­tion bri­tan­niques qui pré­conisent la relo­cal­i­sa­tion de la pro­duc­tion ali­men­taire et énergé­tique se revendiquent sou­vent de l’héritage de l’Angleterre en guerre. Faudra-t-il atten­dre de telles péri­odes de trou­ble pour passer à une société sobre et économe ? Pensez-vous que l’imaginaire de la guerre soit un bon imag­i­naire à sol­liciter en de telles circonstances ?
 
L’imaginaire de la guerre a aussi été sol­lic­ité par Lester Brown qui dans son plan B donne tou­jours l’exemple des États-Unis qui ont été capa­bles de recon­ver­tir, pra­tique­ment du jour au lende­main, l’industrie auto­mo­bile en indus­trie de guerre. Il dit qu’une recon­ver­sion du même type s’impose cette fois pour une recon­ver­sion écologique. Je suis absol­u­ment con­va­incu que nous ne chang­erons que sous la con­trainte, quand elle sera suff­isam­ment forte. Faut-il mobiliser cet imag­i­naire ? Nous sommes engagés dans une guerre pour la survie de l’humanité et cela peut être un argu­ment de pro­pa­gande et qu’il faut se mobiliser non pas pour sauver la planète qui s’en sor­tira tou­jours, mais plutôt pour sauver une civil­i­sa­tion humaine.
 
Est-ce que l’effondrement est inévitable pour que l’on change de mod­èle de société ?
 
Dans le petit opus­cule que nous avons fait avec Yves Cochet, j’avais inti­t­ulé mon inter­ven­tion « La chute de l’empire romain n’aura pas lieu, mais l’Europe de Charle­magne va s’effondrer ». On assiste à l’heure actuelle à l’effondrement de l’Europe de Charle­magne, mais je pense, à la dif­férence d’Yves Cochet, que l’effondrement, le col­lapse qu’on pour­rait dater en 2030 ou en 2070, ne se passera pas comme ça. On est déjà dans un proces­sus d’effondrement, mais, comme pour l’Empire romain cela se pro­longe indéfin­i­ment en se trans­for­mant et se méta­mor­phosant. Alors cela peut se méta­mor­phoser dans des sens extrême­ment divers, dif­férents, voire opposé, cela dépend des rap­ports de force, je ne suis pas prophète. Je pense que tout ne va pas exploser du jour au lende­main, mais cela va se recom­poser, d’où l’intérêt de faire tout un tas de petites expéri­ences, comme les villes en tran­si­tion par exemple.
 
Si la décrois­sance est la clé, cela implique une véri­ta­ble révo­lu­tion cul­turelle de grande ampleur. Com­ment opère-t-on cette révolution ?
 
Eh bien on ne l’opère pas, d’une cer­taine façon. La décrois­sance ce n’est pas sim­ple­ment un objec­tif sus­cep­ti­ble d’être fixé sous forme de stratégie, c’est un hori­zon de sens. On se donne donc un hori­zon de sens que l’on n’atteindra prob­a­ble­ment jamais mais qui con­fère du sens à toutes sortes d’actions : les AMAP, les SEL, les villes en tran­si­tion, les villes lentes, le mou­ve­ment des indignés, l’autarcie, la sor­tie de l’euro, etc. Ce qui est donc impor­tant, c’est de par­ticiper à la décoloni­sa­tion de l’imaginaire. Aujourd’hui, on com­mence à voir et à penser les choses dif­férem­ment, et donc à agir dif­férem­ment pour que les choses évolu­ent dif­férem­ment. La route est assez longue, et bien sûr toutes les mesures qui visent à lut­ter con­tre l’obsolescence pro­gram­mée, qui visent à desser­rer l’étau de la con­cur­rence qui pousse les entre­prises dans cette logique per­verse du pro­duc­tivisme, toutes ces mesures sont pos­i­tives. Aujourd’hui le peu­ple por­tu­gais est dans la rue, les Suisses vien­nent de voter con­tre les para­chutes dorés. Tout cela fait par­tie des choses qui bougent. Les dirigeants sont obligés de réa­gir quand il y a une pres­sion très forte. Rappelez-vous que c’est un gou­verne­ment presque fas­ciste en Bolivie qui, au moment de la guerre de l’eau, a annulé les con­trats de la pri­vati­sa­tion de l’eau parce que le mou­ve­ment social était telle­ment fort que le gou­verne­ment a dû reculer. Je crois à ce type de mobilisations.
 
Quelques mots sur la Grèce comme lab­o­ra­toire de décroissance ?
 
Je suis allé Grèce juste avant que cela explose. Depuis j’ai lu des arti­cles expli­quant qu’il y avait des ini­tia­tives qui allaient dans le sens de la décrois­sance là-bas : repli sur les cam­pagnes, auto-organisation etc. Mais il y a aussi énor­mé­ment de gens qui se sui­ci­dent… L’idée de lab­o­ra­toire ne me plaît pas vrai­ment car nous ne sommes pas dans le domaine de la sci­ence expéri­men­tale. Mais la Bolivie, l’Équateur à un cer­tain titre, la Grèce, le Chaipas au Mex­ique, Totnes et les villes en tran­si­tion, sont bien évidem­ment des pistes et des expéri­ences à explorer et dont il faut faire son miel.
 
Com­ment réagis­sent les Africains aux vagues de déchets élec­tron­iques qui s’abattent sur leur continent ?
 
Du temps où je tra­vail­lais sur l’Afrique, il y avait une très grande récupéra­tion. La capac­ité à recy­cler était vrai­ment éton­nante aussi du point de vue tech­nologique. Dans le bidonville du Rail au cen­tre de Dakar, des bricoleurs avaient réussi à fab­ri­quer une sta­tion émet­trice de radio à par­tir de tout ce qu’ils avaient trouvé dans les poubelles ! J’observe néan­moins que l’invasion du télé­phone portable en Afrique est effrayante. Nous sommes tout à fait loin de la décoloni­sa­tion de l’imaginaire et d’une con­science anti­con­sumériste. Mais la débrouille est bien là.
 
Pro­pos recueil­lis par Hugo Carton
 
Mars 2013
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2 mai 2013 4 02 /05 /mai /2013 18:06
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